Peu importe qu’elles soient abstraites ou figuratives, les œuvres de Vidal traduisent de leur appartenance à l’urbanité, à la vie nocturne… traces et fragments empreints dans l’imaginaire de l’artiste où il puise savamment. Les couleurs électriques et saturées de ses compositions et l’énergie du trait qui s’en dégage traduisent l’attachement particulier que Vidal a pour sa ville d’origine et son monde imaginaire.
Chaque réalisation de Vidal est empreinte d’une vibrance émotive au fort pouvoir d’évocation. C’est l’affect du moment qui motive son geste créateur. Ainsi, il peint ou dessine de manière intuitive, libérant son âme de toute entrave, d’où l’expressivité et l’énergie singulières de chacune de ses œuvres.
C’est sans doute parce que Vidal se considère avant tout comme un coloriste que le trait n’a d’importance que pour l’effet qu’il produira tandis que la couleur prédomine. Elle y est franche, éclatante, contrastée et saturée. Les explorations picturales de l’artiste se réclament d’une filiation avec de grands courants, tel le fauvisme, par leur attachement à la couleur et à sa force d’expressivité. Outre les riches coloris, Vidal apprécie particulièrement l’usage des noirs et blancs pour leur qualité dramatique.
Pour la représentation de la figure humaine, Vidal aime traduire l’énergie infusée par les poses du modèle par l’emploi d’une palette chromatique pure et électrisante. Son travail sur papier exploite entre autres les pastels secs comme les «carrés Conté» médias propre à l’esquisse (bâtonnets à base de poudre de pigments, de graphite ou de charbon liée par une base de cire, d’huile ou d’argile).
Les abstractions issues du subconscient de Vidal sont de véritables explosions colorées, empreintes de lyrisme et de passion. Union, rupture, transparence, opacité, superposition, négation, impression, lissage, clair, obscur, glacis, sont autant de manières de comprendre comment peint l’artiste.
Sur des toiles qui jonchent le sol, Vidal vient dans un premier temps réaliser des giclées improvisées de médium mât transparent ou blanc, parfois combiné d’une couleur de base. Cette étape lui permet de travailler plusieurs toiles en même temps comme des polyptyques. Puis, Vidal fragmente les ensembles et achève les oeuvres, une à une, sur chevalet.
Pour produire les rendus souhaités sur ces toiles, plusieurs techniques sont utilisées. Le glacis consiste à superposer plusieurs couches très minces pour donner un effet de profondeur, ce qui provoque un effet de dégradé. L’induction de couches picturales par le geste direct est quant à elle inspirée du tachisme. Bouteille, spatule, couteau, grattoir, brosse, pinceau, éponge sont autant d’outils qu’ils lui permettront d’obtenir la composition et les effets désirés.
Depuis 2011, en plus des toiles, Vidal travaille ses abstractions sur du papier kraft brun ou blanc qu’il maroufle sur toile une fois complétées. Le papier étant poreux lui permet une certaine flexibilité. Dans sa composition générale, il emploie autant l’encre de chine, que l’aquarelle ou l’acrylique dilué auxquels il vient ajouter des rehauts décoratifs au pastel sec ou au crayon comté tel un clin d’œil à Klimt, à Miró ou à Pellan.
Soraya Bassil
Historienne de l’art et muséologue, spécialisée en patrimoine bâti